LA REVOLUTION HARRY POTTER

Les nouveaux héros du roman jeunesse

Harry Potter et ses millions de lecteurs ont révolutionné l’édition jeunesse. Le merveilleux est en vogue, la moyenne d’âge des lecteurs augmente (13-25 ans). Le secteur connaît une forte croissance .

Avant la fin des années 1990, le néant régnait sur les bibliothèques en matière de romans jeunesse. Les lecteurs passaient sans transition de la comtesse de Ségur ou du Club des cinq aux livres pour adultes. Et ce sans blogs pour commenter les lectures ou sans adaptation au cinéma en 3D ! Tout va changer avec l’entrée en scène, en 1997, d’un jeune héros.

Harry est arrivé. Il n’a pas onze ans, il porte de petites lunettes et une cicatrice en forme de Z sur le front : Harry Potter. En étirant ses aventures sur sept épais volumes, J.K. Rowling prouve que le nombre des pages n’effraie personne. En captivant des lecteurs de tous âges, elle décomplexe les jeunes adultes. En produisant une oeuvre de qualité, elle donne ses lettres de noblesse à la littérature jeunesse. Conséquence : 25 millions de livres vendus rien qu’en France, et des vocations… Pendant dix ans, les romans de sorcellerie se multiplient comme par magie, surtout chez les Anglo-Saxons.

Et ensuite vint Eragon. Les Français sont alors à la peine, englués dans l’idée que « l’écriture relève d’un don sacré » selon Charlotte Ruffault, éditrice chez Hachette. Les éditeurs doivent chercher ailleurs. Et trouvent : « Eragon » de Christopher Paolini chez Bayard, produit en Amérique par un adolescent désoeuvré, ou « Twilight » chez Hachette, une histoire d’amour entre une jeune fille normale et un vampire créé par une mère de famille mormone (lire ci-dessous) ... Et même si « les Chevaliers d’Emeraude » (d’Anne Robillard chez Michel Lafon) ont été écrits en langue française, ils viennent d’outre-Atlantique : du Québec.

Plusieurs volumes bien épais. Point commun à ces derniers succès colossaux : ils s’étendent sur plusieurs milliers de pages dont la parution prend plusieurs années. Entre « Harry Potter à l’école des sorciers » et « Harry Potter et les reliques de la mort », dix ans ont passé. Les fans d’« Eragon » attendent avec impatience la sortie du troisième volume, annoncé début 2009. Quant à Stephenie Meyer, elle a mis fin à la série « Twilight » en 2008, réjouissant la maison Hachette qui a acquis les droits pour la France et les pays francophones. « Déjà 800 000 exemplaires vendus, annonce Charlotte Ruffault. Avec le Québec, on est parti pour le million. »

Marketing tous azimuts. Les lecteurs de Harry Potter s’amusaient autant à attendre un prochain volume qu’à le lire. Chaque sortie donnait prétexte à des réunions déguisées, en pleine nuit, dans les grands magasins. « L’édition jeunesse, c’est aussi beaucoup de marketing, retient Michel Lafon, nouveau venu dans ce petit monde. Avant qu’on ne les reprenne, les Chevaliers d’Emeraude d’Anne Robillard étaient déjà disponibles en France, mais elle n’en avait vendu que 1 200 exemplaires ! On a demandé au directeur artistique de Luc Besson de leur faire une belle couverture, on a passé de la publicité dans les magazines pour les enfants. Résultat : 860 000 livres ! » Avec « Tunnels », de Gordon Roderick et Brian Williams, ensuite, dont la deuxième partie vient de paraître, Michel Lafon fait son trou dans le milieu : 140 000 exemplaires vendus. « Le secteur jeunesse représente maintenant 15 % de notre chiffre d’affaires », assure-t-il.

Et maintenant, que vont-ils faire ? « On a besoin de merveilleux, souligne Charlotte Ruffault. C’est pareil à la télévision, au cinéma, et dans les jeux vidéo. Puisqu’on ne maîtrise rien dans le réel, on peut être plus fort grâce à la lecture. » Christine Baker, éditrice de « Harry Potter » chez Gallimard, est d’accord : « Le jeune héros orphelin qui possède des pouvoirs extraordinaires et qui vit de grandes aventures a encore de l’avenir. » Le roman historique n’est pas mort, mais il prend des libertés avec l’histoire justement. Gallimard prévoit pour septembre 2009 « une grande saga fantastique qui se passe dans une Chine ancienne mythique ». Quant aux Editions Hachette, elles mitonnent déjà un nouveau roman d’amour et de sang-froid.

 

Le Parisien



03/01/2009
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